DE tout un peu 1
DE PLEIN DROIT Cartable au bout du bras Sac en bandoulière ou sac au dos Fièrement, hardiment, se diriger Et y entrer… après un coup de sonnette Ou grâce à la clé sortie du sac qui joue dans la serrure De plein droit, y entrer et y être reconnu Écolière ou lycéenne, enseignante ou consultante De plein droit, franchir le seuil Dépasser la lourde porte en bois Pénétrer dans le sas que, coulissant La porte a dévoilé et saluer Claquer le bonjour à la collègue ou au concierge De plein droit, y être admis. Tant de portes, mystérieuses à mes yeux, Pour moi restent closes, tandis qu’elles sont franchies Par d’autres, de plein droit Parfois, la procédure est plus complexe Rendez-vous dans un lieu, plus ou moins public Administration ou hôpital, ministère ou Palais de Justice, davantage contrôlés, procédures Décliner son identité, préciser l’heure du rendez-vous Avec qui… marche à suivre et consignes Labyrinthiques ou encore, précédant le droit temporaire Montrer sa pièce d’identité Répondre aux questions et attendre qu’on vienne vous chercher Évolution du « plein droit » : la lycéenne est Devenue une maman admise à la porte de l’école, Le salarié a quitté son emploi et remis ses clés… Et que dire de ces lieux, jadis ouverts à tous Moyennant paiement : cinéma, bar, terrasses, concert Ou moyennant cotisation pour emprunter Mais libres de droit pour y passer ou flâner Bibliothèques, médiathèques et autres ludothèques Désormais dégainer le pass face au contrôle vigilant Valide ou passer son tour… Jeu de Loi où l’on peut attendre en vain Le retour du passé, à jamais enfui ? Ou la sortie de la case prison Et craindre de tomber dans les oubliettes Du puits qui nous met hors-jeu Désespérer n’est pas jouer… À qui veut, à qui peut, à qui sait observer De nouvelles portes s’ouvrent de plein droit, Déménagements successifs, eux ou nous, Rencontres nouvelles et nouveaux espaces Lieux de passage, plein droit éphémère Kyrielle de portes ouvertes, poussées, refermées Claquées avec colère, ouvertes avec fracas, accueillantes Celles de la bonne surprise, de la joie des retrouvailles Portes entrebâillées, poussées délicatement Surveillance du sommeil de l’enfant… Portes et seuils, lieux de passage, privilèges du passage De plein droit Franchir et s’affranchir Rodez, 7 octobre 2021. | SINGULARITÉ FAMILIÈRE Particulière à un lieu, maison ou appartement, Telle la madeleine de Proust, la sonorité, La particularité familière, mille fois Entendue, nous ramène à ou nous confirme : « Oui, je suis bien chez moi » … ou dans un ailleurs Aussitôt identifié. Ici, le « cloc » de la grille qui descend Un peu sur ses gonds quand on l’ouvre Là, c’est l’hésitation gratouillante pour que L’insertion juste de la clé fasse jouer le pêne Puis, c’est le couinement attendu de la porte d’entrée. Quelques pièces, elles aussi, ont leur endroit sensible ! À la cuisine, ce peut être le tiroir des couverts Stridence à laquelle l’huile ferait-elle quelque chose ? Le bois des vieilles maisons craque, mais pas que… il grince L’habitué des lieux a appris à éviter Telle lame du parquet ou telle autre marche Qui signale le noctambule. Le vent malmène ici quelques persiennes, Fait claquer là-bas quelque portail ou volet… Bruits que la nuit décuple À la dilatation / rétractation des tuyaux d’eau chaude Se mêle la basse sourde et rythmée de la turbine, C’est l’hiver. Et toujours en ce lieu, plus ou moins fort Ou violent, L’écoulement de la rivière. Rodez, 15 octobre 2021 |
L’INSTANT Saisir l’instant, juste à temps Ni avant, c’est trop tôt ; ni après, c’est trop tard Saisir l’instant ou se laisser saisir par l’instant Saisir l’instant, plus ou moins éphémère, fugace L’arc-en-ciel stationnaire, qui prend son temps Ou celui, rapide, entr’aperçu, les nuages vont si vite ! La pause du papillon entre deux battements Erratiques, ici puis là, papillonnant Les étincelles quand le bois craque, quand La flambée n’est pas encore trop vive L’envol de la coccinelle qui pourtant semblait Prendre ses aises sur le dos de ta main, le bout de ton doigt. Fugitif, saisir l’instant, l’échange de regards, Connivence de qui te comprend à demi-mots. Attendu, espéré, étonné puis franchement épanoui Le sourire du jeune enfant, le sourire et L’étincelle dans le regard de l’aïeul qui se sait bien entouré Rapide, où ça ? Juste à temps, l’attraper puis Le suivre des yeux… L’étoile filant des nuits d’été Partager par le regard, le sourire de qui sourit à son portable Réjoui, au bord du rire, au bord du cri de joie L’entendre, la distinguer, la parole Celle d’un dire juste, qui fait mouche Trop tard : désolation, regret Je ne t’ai pas vu, pas saisi, pas entendu Qu’à cela ne tienne, de tels instants sont offerts Régulièrement, pour peu que, disponible, tu sois Attentif, mais pas sur le qui-vive Prêt à cueillir… le recueil n’est pas loin. Rodez, 5 novembre 2021 | NOCTURNE La nuit, noire ou étoilée, de pleine lune La nuit, tout est plus sombre, plus effrayant La nuit, pour dormir du sommeil du juste Ou pas… La nuit, quand, au lieu du repos bienfaisant Se télescopent les idées tourbillonnantes J’aurais dû, il aurait mieux fallu que… La nuit, cela empire La nuit, comme ennemie de l’apaisement conscient L’inconfort de l’insomnie en rajoute La nuit, toutes les pensées sont grises Voire noires, anthracites, obscures… Les taupinières se transforment allègrement en montagnes Impossible de trouver le plus court chemin D’un point à un autre, pulsations, gerbes d’idées Ce ne sont pourtant pas des retours de terreurs Nocturnes de l’enfance, la nuit La nuit, quand la lumière allumée par une main maternelle La nuit, quand la voix rassurante Venait chasser le mauvais rêve Foin d’enfance, la nuit tourmentée de l’adulte Brasse les idées glauques, broie l’espérance Et charrie l’inquiétude, au pire, le désespoir Parfois, le plus souvent, le miracle arrive Le sommeil enveloppe le « rumineur » Et au réveil, les idées reprennent taille Humaine, normale La clarté diurne en ôte les déformations Chasse leurs angoisses nocturnes Respire plus large, plus ample, c’est pas si grave Y’a pas mort d’homme ! Rodez, 7 décembre 2021 |
PAYSAGES Tableautin émaillé : mer, ciel, écume, bleus Essai de peinture : mer houleuse, écume Ciel, verts glauques et blanc. Echo aux paysages enregistrés : photos ou vidéos Ou dans mes yeux, souvenirs vivaces Présent et présents qui s’offrent à moi Vagabondages intérieurs, ressources, Pulsations iodées, Apaisement d’immensités salées. Rodez, 18 septembre 2021 | VOIX VOIE VOIS La voie est libre, vois-tu, la voix s’est libérée Échauffement en vocalises Modulations de larges voyelles, Étrangeté des suites sonores Joie retrouvée de la lallation Libre, sans contrainte, lâcher… S’ouvrir pour accueillir le souffle nécessaire Libérer le souffle et le son Libérer la vie et le souffle Par la bouche et par les bras dansant Par le masque vénitien, sphénoïde, Des cavités et caisses de résonnance De la voûte palatine aux fosses nasales, De la luette au larynx Vocabulaire anatomique en vie et vibrations Mise en action plus ou moins bien relâchée Et la mâchoire… Laisse tomber ! Rigole Laisse-la vivre sa vie de béance, cool Laisse couler, s’écouler le flot vocal Comme un fil ou un filet d’eau Ininterrompu… Reprends souffle quand même ! L’apnée, la crispation, le serrage tous azimuts Ceinture scapulaire verrouillée, autant de chausse-trappes D’assurance de foncer vers le couac, la voix qui déraille Le corps tout entier s’ouvre, prend de l’air Résonne et sonne, tige creuse et souple Ancrée comme le roseau Entends tu la joie de vivre ? Entends tu la voix qui vibre ? Rodez, 8 février 2022 |
TABLE DES MATIERES : DE TOUT UN PEU 1
Moulins
Paysages
De l’air
Vannes et digues
Résolutions
Le bon temps
Petits riens
Egaré
Déplacements
Formica
De plein droit
Les parfums, les couleurs…
Singularité familière
En Friche
Pouvoir
Trouées
L’instant
Comme si…
Forces de l’ordre
Nocturne
Dimanche de la joie
Bonus
Festivités simples
L’allant
Voix, voies, vois
Prénom
Au fil de la vie
Cour de récré
En train
En train … encore
Après la canicule
poe-vie.fr
« Au fil de la vie, au gré des mots »